Alors que le débat sur l'immigration reste très vif en France, les derniers chiffres du ministère de l'Intérieur, repris par Le Monde, viennent apporter une mesure concrète à l'impact d'une politique. On observe en effet une chute spectaculaire des régularisations de personnes sans-papiers.
En neuf mois seulement, de janvier à septembre, le nombre de titres de séjour délivrés au titre de l'admission exceptionnelle au séjour (AES) a dégringolé de 42%. Pour donner une idée, on est passé de 19 001 régularisations sur cette période l'an dernier à seulement 11 012 cette année. Une baisse qui n'est pas le fruit du hasard, mais qui suit directement les nouvelles instructions données par l'ancien ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, au début de l'année.
Dans une circulaire, il avait explicitement demandé aux préfets de "serrer la vis" sur ces procédures, pourtant souvent le dernier recours pour des personnes en situation irrégulière mais bien intégrées, avec un travail stable ou des attaches familiales en France. Les conséquences sont frappantes : les régularisations pour motif économique ont été divisées par plus de deux (-54%), et celles pour vie privée et familiale ont connu une chute similaire (-58%).
Il y a toutefois une exception notable, et elle concerne les anciens mineurs non accompagnés. Pour ces jeunes, souvent arrivés seuls sur le territoire, le nombre de titres accordés a légèrement augmenté (+12%), passant de 3 081 à 3 454. Une hausse qui contraste fortement avec la tendance générale.
Autre point révélateur : alors que l'on parle souvent de pénurie de main-d'œuvre, très peu de titres (seulement 666) ont été accordés au titre des "métiers en tension". Au final, la part des régularisations exceptionnelles dans l'ensemble des premiers titres de séjour délivrés en France est passée de près de 11% en 2024 à seulement 6,5% cette année.
Cette politique, qui remplace l'ancienne "circulaire Valls" en vigueur depuis 2012, avait soulevé de vives critiques à son annonce. Les associations d'aide aux migrants avaient dénoncé un durcissement, et même certains acteurs économiques avaient appelé à la modération, craignant des difficultés de recrutement. Les chiffres d'aujourd'hui leur donnent, en quelque sorte, des arguments chiffrés.
